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RENCONTRE
28.06.2013

La Loi d’avenir en débat sous les ors des chambres d’agriculture

28.06.2013 -

La tribune du débat à l'APCA

En arrivant au siège de l’APCA*, avenue Georges V, à deux pas de l’Elysée, ce jeudi, pour assister au débat sur la future Loi d’Avenir LAAF, on a cette forte impression de ne pas évoluer dans le même monde, celui cossu des beaux quartiers de Paris, loin de celui de Bagnolet, et du siège de la Confédération paysanne. L’impression est renforcée, d’autant plus quand on est une femme, par ce milieu agricole quasiment composé d’hommes, avec une grande majorité plus proche de la retraite que de l’installation.

Un milieu, celui des présidents de chambres d'agriculture, qui vit dans son monde agricole en ne voulant lâcher aucune prérogative sur la gestion de l'agriculture au reste de la société, surtout à ceux qui voudraient proposer d'autres modèles où qui se préoccupent de l'environnement. Le président de la chambre de l'Aveyron allant même jusqu'à proposer la suppression du ministère de l'Environnement, ce qui fut applaudi par ses confrères. Ce qui  frappe dans cette table ronde et les remarques de la salle, c'est cette absence de remise en question sur un système à bout de souffle avec toujours cette fuite en avant vers l'eldorado du marché mondial en invoquant la « sainte compétitivité » comme unique crédo. Sur ce registre, Xavier Beulin y a été de son couplet comme on l'y attendait, tout comme nombre des présidents qui sont intervenus, comme celui de la Bretagne qui déplore la distorsion de concurrence vis-à-vis de l'Allemagne. L'un des seuls à évoquer l'intérêt des paysans a été le porte-parole de la Confédération paysanne, qui dans son intervention a souligné le manque d'ambition de la future Loi d'avenir, et s'est interrogé sur le pourquoi d'une loi nouvelle, « pour marquer un mandat, ou pour apporter des solutions aux citoyens et ici en l'occurrence pour les paysans afin de leur assurer un revenu et un avenir ». Le président de la chambre du Calvados a lui aussi interrogé l'efficacité de cette compétitivité à laquelle sont soumis les agriculteurs mais qui contribue à la disparition des emplois. Le représentant des Jeunes Agriculteurs a également mis l'emploi en avant et déploré qu'on gaspille le foncier agricole pour des projets d'urbanisation toujours plus gourmands.

Durant ce débat, où le président de la Fnsea est largement intervenu, et après l'opération de séduction aux Invalides de la semaine passée, c'est une toute autre histoire, que Xavier Beulin a raconté devant les présidents de chambres. Sur la question de l'accès au métier, qui est un volet de la loi, il a expliqué qu'il était nécessaire de redéfinir ce qu'est un agriculteur « Est-ce qu'on peut obtenir ce statut lorsqu'on exploite 10 ha et qu'on élève trois biquettes ? ». Il considère également que le développement agricole est fait et bien. « L'agriculture française ne serait pas là où elle en est aujourd'hui sans ce développement. Aussi attention à ne pas laisser faire du conseil de développement par n'importe quel organisme », et surtout à ne pas financer n'importe qui en faisant allusion « aux 6 millions d'euros prélevés dans la caisse par le ministre » en utilisant le terme « caisse » il laissait entendre qu'il y avait spoliation, ce à quoi la salle a murmuré, « c'est du vol ».

A propos des GIEE*, qui certes, à eux seuls ne font pas une politique agricole, Xavier Beulin les a qualifié de « machin » dans lesquels on ne peut laisser entrer des associations non-agricoles. Le volet innovation manque cruellement à la loi, selon ses propos, et il déplore qu'on puisse se priver des biotechonologies, allant même jusqu'à dire que « le principe de précaution dans la constitution est une connerie qui nous plombe ! ».  Xavier Beulin qui n'a pas assisté à la totalité des débats, s'est bien adressé à la salle en tant que président de la toute puissante FNSEA*, manager au service de l'agro business et de ses actionnaires loin de l'image du raconteur d'histoire et autre « sauveur de l'élevage ».

Lors de sa conclusion,  le nouveau président de la chambre d'agriculture de la Marne, citant Laurent Pinatel, a souligné le manque de vision globale et d'ambition de la future loi. Il fut l'un des rares à exprimer qu'il fallait accompagner la mutation agricole en prenant en compte les « faits sociétaux ». En effet, que dire d'une assemblée de responsable de chambre d'agriculture, persuadée d'être les seuls et les mieux à mêmes de penser l'agriculture de demain en dépit de la demande de la société en matière alimentaire et environnementale.

Sans aucun doute, au sortir de la table ronde, l'impression de monde différent persiste, au-delà des clichés sur les apparats de l'avenue Georges V. La transition vers un autre modèle agricole respectueux des paysans, des citoyens, des territoires, de toutes nos ressources et de la biodiversité ne se fera pas avec la vénérable assemblée mais avec les paysans, paysannes qui innovent et inventent l'agriculture paysanne au sein de la société et en concertation avec elle !

Marie-Noëlle Orain, Secrétaire générale de la Confédération paysanne

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