Home > Actualités > Changer l’abattoir, un combat pour la dignité de tous
Partager sur :
CAMPAGNES SOLIDAIRES
12.10.2016

Changer l’abattoir, un combat pour la dignité de tous

12.10.2016 -

Abattoir mobile de la société suédoise Hälsingestintan transporté par camion. Le dispositif pourrait être expérimenté bientôt en Bourgogne.

Tous les mois découvrez un article de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci, un papier sur les conditions d’abattage.



Cliquez ici

pour découvrir le sommaire du dernier numéro et vous abonner à Campagnes Solidaires !

Le rapport parlementaire d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français a été rendu public le 20 septembre. Malgré le refus gouvernemental de financer une vaste étude sur l'abattage de proximité, la Confédération paysanne reste déterminée à travailler sur le sujet.

Depuis plus de dix ans la Confédération paysanne se mobilise sur un sujet délicat et souvent pesant : la mort de nos animaux d'élevage. La question, qui concerne surtout les abattoirs, s'est vue exacerbée par un éclairage détourné qui la projette sous les feux de médias avides d'images fortes. Mais quels que soient la place et l'intérêt que l'on peut accorder à une mouvance sectaire qui prône la suppression de l'élevage sous toutes ses formes, ces images, choquantes, rélèvent d'une situation qui ne l'est pas moins.
La réaction du grand public aux images diffusées ces derniers mois par l'association L214 a conduit le gouvernement à créer une commission parlementaire « d'enquête sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français ». Présidée par le député de Charente-Maritime Olivier Falorni, cette commission a auditionné durant l'été les représentants et représentantes des différents maillons de la filière (élevage, abattage, boucherie, protection animale...).

Le rapport de la commission fait état de 15 propositions principales – sur un total de 65 – que l'on peut regrouper en trois parties :
faire évoluer les règles et renforcer la formation du personnel ;
accroître les contrôles et la transparence ;
améliorer les pratiques d'abattage et moderniser les équipements.

Un rapport en demi-teinte

Ce que nous pouvons retenir de positif dans ces préconisations :
    1/ la mise en place d'un « comité national d'éthique des abattoirs », ainsi que la création d'un comité local de suivi auprès de chaque abattoir, regroupant les élus locaux, les exploitants des sites, les services vétérinaires, mais aussi les éleveurs, les bouchers ainsi que les associations de protection animale et de consommateurs. (propositions n°1 et 61) ;
    2/ l'augmentation des effectifs des services vétérinaires ( n°50 et 52 ) nécessaire à un fonctionnement normalisé ;
    3/ la rotation des travailleurs sur les postes de travail ( n°33 ) et l'abaissement à       100 000 euros du seuil des dépenses éligibles pour le programme d'investissements et de modernisation des abattoirs existants ( n°8 ) ;
    4/ et enfin – ce qui nous intéresse ici plus particulièrement – le soutien « à titre expérimental de la mise en service de quelques abattoirs mobiles » ( proposition n° 26 )

C'est ce dernier point que la Confédération paysanne entend mettre en avant et défendre. A première vue, il y a là les prémisses de la reconnaissance de méthodes alternatives aux pratiques à la chaîne de l'abattage. Les abattoirs mobiles - que nous avons largement évoqués dans un précédent dossier ( cf. CS n°318) sont une des solutions possibles pour répondre aux besoins des petites structures et aux attentes de toutes celles et de tous ceux qui considèrent que la mise à mort des animaux doit être pratiquée dans des conditions optimales de transparence et de respect, en diminuant les risques de maltraitance et par là-même la souffrance animale. Mais d'autres pistes restent à explorer…

Ce rapport – tout en demi-teinte – représente néanmoins une avancée sur la connaissance des pratiques d'abattage et une éventuelle amélioration de celles-ci.

Pour autant, le ministère de l'Agriculture est loin de prendre la mesure du problème : quelques jours avant la remise du rapport parlementaire, il a retoqué un projet au titre pourtant explicite  déposé par la Confédération paysanne, la Fadear et de nombreux partenaires: « Favoriser l'abattage de proximité : répondre aux besoins des hommes et des territoires, dans le respect des animaux ». L'étude devait être financée par des fonds ministériels (1) avec pour objectifs, entre autres, de pallier la disparition progressive des abattoirs locaux, de répondre aux attentes sociétales en matière de respect des animaux et de  réfléchir à un cadre réglementaire et sanitaire pour les filières viande de boucherie.
Par ce rejet, ce sont donc près de 500 000 euros que le ministère de l'agriculture a décidé de ne pas accorder à un projet de recherche appliquée visant le redéploiement de l'abattage de proximité (outils d'abattage publics et privés et diversification des modes d'abattage).
On peut donc s'interroger sur les suites qui seront données au rapport parlementaire quant à la mise en place et la réalisation des propositions qui y sont mises en avant.
Quoi qu'il en soit, la Confédération paysanne continue d'avancer sur ce terrain et, dès cet automne, va inviter les éleveuses et les éleveurs à se regrouper localement pour penser et proposer, selon les besoins, des projets d'abattoirs mobiles, à la ferme ou via des plate formes collectives reliées à des abattoirs locaux.
C'est un combat pour la dignité de tous – hommes et animaux -, pour la défense de nos élevages et de nos territoires, que la Confédération paysanne se doit de mener… à bon port !


Yves-Pierre Malbec,
berger-paysan dans le Lot


(1) Sur son Compte d'affectation spéciale « développement agricole et rural » (Casdar), abondé par les taxes prélevées sur le revenu des paysans.

TROUVEZ UNE CONF'
CAMPAGNES SOLIDAIRES
NOUS CONTACTER Mentions légales
Copyright 2018 - Tous droits réservés - Confédération paysanne
104 Rue Robespierre, 93170 Bagnolet - Tél +33 1 43 62 04 04