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PESTICIDES
23.11.2016

Arrêté phytos : Un coup pour rien

Photo : Walter Baxter

Malgré l'accumulation de données scientifiques attestant de la catastrophe en cours, malgré le rejet grandissant des pesticides dans le débat public, l'arrêté de 2006 relatif à leur usage devrait être, à peu de choses près, reconduit. Le souci de limiter les conséquences réglementaires de l'usage des pesticides l'a donc emporté sur la défense de la santé et de l'autonomie des paysans.

La mise en place d'un délai de ré-entrée de 48h dans les parcelles traitées pour les produits classés CMR* (cancérogène, mutagènes, reprotoxiques) serait accompagnée de possibilités de dérogation qui affaibliront considérablement le principe même de délai de ré-entrée : comment les pouvoirs publics peuvent-ils justifier une telle régression, quelques mois après la publication par l'Anses d'un rapport alarmant sur l'exposition des travailleurs aux pesticides ? Le sujet de la protection des riverains est, quant à lui, remis à plus tard. Pour la Confédération paysanne, la perspective de gérer cet immense problème de santé publique au moyen de ZNT (zones non traitées), plus symboliques qu'efficaces, n'était pas à la hauteur de l'enjeu. Cette approche du problème n'aurait fait que des perdants : des riverains toujours exposés, et des paysans appelés à assumer seuls les conséquences d'une gestion à la petite semaine du scandale des pesticides par l'Etat.

La connaissance des divers impacts des pesticides a fait franchir un point de non-retour au débat public. L'Etat doit désormais reconnaître cet état de fait et prendre les décisions qui s'imposent : comment peut-on encore autoriser l'utilisation de 489 préparations CMR* dans la production de notre alimentation ? Ces changements doivent être réalisés dans le respect de l'intérêt général, qui comprend celui des paysans. Nous nous sommes trop longtemps empoisonnés comme exécutants de choix collectifs calamiteux, pour accepter de continuer ainsi, mais nous ne pouvons, ni ne voulons assumer seuls l'ensemble des changements qui s'imposent.

Le retrait du marché des molécules CMR* doit être accompagné d'un soutien économique massif de la production, qui sera toujours moins coûteux pour la collectivité que la gestion des destructions de l'emploi agricole, de la santé publique, et de l'environnement, causés par les pesticides. Et il doit absolument être couplé à des mesures de contrôle des importations, sans lesquelles l'interdiction des molécules reviendrait à délocaliser la pollution. C'est dans ces termes que le débat doit être posé. Sans cela ce sont les paysans qui devront assumer le coût des mesures que la légitime réprobation des pesticides au sein de la population imposera inévitablement. Et les conséquences sur leur santé, tant que des décisions responsables ne seront pas prises.
 


Crédits photos : https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Pesticide_application#/media/File:Crop_spraying_at_Rulesmains_Farm,_Duns_-_geograph.org.uk_-_1565950.jpg
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