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CAMPAGNES SOLIDAIRES
03.10.2013

Un accord sur le dos des paysans

Tous les mois découvrez un article entier du dernier numéro de Campagnes Solidaires. Ce mois-ci un article sur le partenariat transatlantique sur le commerce et l’investissement (TTIP), entre l'Union européenne et les Etats-Unis.


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Un accord sur le dos des paysans
 

Dans la série des tractations pour des accords de libre-échange, voici les négociations pour un  partenariat transatlantique sur le commerce et l'investissement (TTIP), entre l'Union européenne et les Etats-Unis. La Confédération paysanne fait partie des organisations qui s'y opposent. Et pour cause !

L'Europe a une balance commerciale agricole largement excédentaire (6 milliards d'euros) dans ses échanges avec les Etats-Unis. Elle y exporte des produits à bonne valeur ajoutée (vin, alcool, fromages) et importe surtout des produits non transformés (céréales, protéagineux, viande). Ce sont ces produits que les industriels américains souhaitent vendre en plus grande quantité aux Européens, profitant des grandes différences structurelles entre les fermes des deux côtés de l'Atlantique.

Dans le cadre de l'accord en tractation, les industries agro-alimentaires américaines souhaitent voir les droits de douanes baisser sur les importations de viandes (porcs, volailles et bœuf), baisse accompagnée d'une augmentation substantielle des quotas à taux réduits. Les coûts de productions aux Etats-Unis sont beaucoup plus bas qu'en Europe. Le foncier est moins cher, les fermes en moyenne treize fois plus grandes (1), et les hormones de croissance interdites en Europe y sont utilisées massivement. C'est notamment le cas de l'hormone laitière, ou BST, qui permet de produire à bas-coût de grandes quantités de lait dans des élevages de plusieurs milliers de vaches, ou de la ractopamine, activateur de croissante largement employé dans les élevages porcins.

Les industries de la viande exigent que l'Europe reconnaisse l'utilisation d'hormones de croissance et d'hormones laitières. D'une manière générale, ces industries comptent faire baisser les normes d'hygiène jugées trop contraignantes en Europe, elle qui sont très laxistes outre-atlantique (carcasses de poulets javélisées, ionisation...).

L'élimination progressive des droits de douane et l'ouverture de quotas tarifaires supplémentaires dans le secteur des viandes, voire du lait, auraient donc un impact dévastateur sur l'élevage européen. Mais ce ne sera pas la seule conséquence en agriculture. Ainsi, les semenciers ont fait connaître leurs prétentions : ils exigent une levée des moratoires sur les cultures de plantes transgéniques, et une accélération des processus d'agrément par l'Efsa, l'agence de sécurité alimentaire européenne. 

Viande hormonée, hormone laitière, OGM : nous retrouvons-là quelques-uns des plus importants combats de la Confédération paysanne depuis la fin des années 80. Ces combats ont tous été gagnés, mais la bataille semble bel et bien se rouvrir.

La Confédération paysanne a donc rejoint le 11 septembre une large coalition d'organisations déterminées à faire échouer le projet d'accord de libre échange entre l'Union européenne et les Etats-Unis. D'Attac aux syndicats de salariés CGT, FSU et Solidaires, en passant par les partis du Front de Gauche et d'EE-LV, jusqu'à la Fondation Copernic, Artisans du Monde ou la Coalition francilienne contre les gaz de schiste, la première réunion a permis de dessiner les contours de ce nouveau et large front de résistance qui se constitue pour une action de longue haleine, les tractations pouvant durer trois à quatre ans, peut-être davantage.

Benoît Ducasse


(1)   12,6 ha en moyenne pour une exploitation européenne, contre 170 ha pour une exploitation aux Etats-Unis

Crédits photos : Samson
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