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PAYSAN·NE·S DE LA MER : NOS POSITIONS

 

Sous l'effet de l'intensification de l'agriculture, les pratiques agricoles ont fortement modifié les écosystèmes littoraux : drainage des marais doux pour y implanter des cultures intensives irriguées, usage de pesticides et d'engrais azotés de synthèse aux effets négatifs sur la qualité des eaux estuariennes et sur la production de phytoplancton. La gestion quantitative de l'eau avec l'évolution vers un stockage dit de « substitution » en hiver, et à l'inverse des gros lâchers d'eau, les années de grande pluviométrie, provoquent des déséquilibres brutaux de la salinité préjudiciable à la biodiversité marine.


Les effets du dérèglement climatique sont déjà visibles au travers de multiples indicateurs : apparition d'espèces « exotiques » de poissons, baisse du pH de l'eau de mer rendant difficile la fixation nécessaire du carbone par les coquillages pour fabriquer leurs coquilles calcaires, épisodes météo extrêmes et intenses, submersions marines...


EN CHIFFRES

La production conchylicole, assurée par plus de 3 000 entreprises, se maintient autour de 100 000 tonnes d'huîtres pour un chiffre d'affaires supérieur à 500 millions d'euros (1er rang européen). La production mytilicole française (filières et bouchots) est de 65 000 tonnes pour un chiffre d'affaires associé de 150 millions d'euros (2nd rang européen). Les autres coquillages d'élevage affichent un tonnage annuel de 3 000 tonnes pour une valeur de 12 millions d'euros. On dénombrait 1 300 personnes pratiquant la pêche à pied professionnelle en France en 2020. Leur statut reste très précaire, et est lié à la délivrance par les DDTM d'un permis national de pêche à pied valable un an. La production de sel sur les marais salants de l'Atlantique occupe 1 000 équivalents temps plein. L'activité de goémonier (algues) est essentiellement concentrée en Bretagne. Elle regroupe environ 20 professionnels pour un chiffre d'affaires estimé à 300 000 euros, ainsi que 300 récoltants occasionnels qui n'ont, à l'heure actuelle, pas de statut.


NOS OBJECTIFS COMMUNS

La lutte contre le dérèglement climatique est un combat commun à nos professions. En effet, la température de l'eau régule la vie de la quasi-totalité des organismes marins. L'énergie solaire permet la production du phytoplancton, premier maillon de la chaîne alimentaire et producteur des 2/3 de l'oxygène de la planète. La pluviométrie apporte les sels minéraux et gère la salinité. Ce sont les trois moteurs essentiels des écosystèmes estuariens. Impact environnemental positif, car les coquillages, animaux filtreurs sont des puits d'azote et de carbone. Les implantations en pleine mer sont propices à la biodiversité et ont un rôle écologique majeur, notamment dans l'entretien des claires et des marais qui jouent un rôle important dans la prévention de l'érosion côtière et de la submersion.


NOS REVENDICATIONS
Sanctuarisation des eaux conchylicoles, sur le modèle de la protection des zones de captage d'eau potable dans la mesure où la conchyliculture propose la mise sur le marché d'animaux vivants. 
Reconquête et protection des zones humides qui sont seules susceptibles de garantir la bonne qualité des eaux littorales (interdiction du drainage, respect des zones inondables, adéquation des mesures environnementales avec les travaux d'entretien du marais indispensables au maintien de son rôle de prévention des phénomènes de submersion...). 
Accompagnement au travers de MAEC dans la diversification vers des systèmes agronomiques plus vertueux dans les zones côtières (rotation des cultures, arrêt du recours aux pesticides, contrôle de l'irrigation, diversification vers la production de protéines végétales moins gourmandes en eau et plus rémunératrices...). 
Accompagnement des ostréiculteurs traditionnels dans leur lutte contre le développement anarchique de production de naissains issus d'écloseries (risque de dépendance des producteur·rices face aux écloseurs).
Incitation des agriculteur·rices à s'engager dans des systèmes durables pour une gestion quantitative et qualitative responsable de l'eau à l'échelle des bassins versants qui concernent la production de coquillages. (MAEC spécifiques). 
Modification du règlement Bio UE* qui privilégie la production d'écloserie au détriment des huîtres naturelles. 
Soutien de la revendication de sanctuarisation des bassins naisseurs (captage naturel) en y interdisant l'immersion d'huîtres issues d'écloseries (risque d'appauvrissement génétique des populations sauvages).
Interdiction de l'utilisation des eaux usées en agriculture. Elles présentent des risques de pollution pouvant entraîner l'interdiction de vente des coquillages.
Des études de pertinence technique, économique et d'impact en prenant en considération l'ensemble des bassins versants jusqu'à la mer sont indispensables en amont de tout projet de stockage d'eau.
Accompagnement des paysan·nes de la mer dans l'accession à une véritable représentation égalitaire dans les instances de décisions agricoles.

 

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