Viande cellulaire, de quoi est-elle le nom ?
Ces ersatz de viande, fabriqués à partir de cellules souches animales, sont cultivés en laboratoire à l'aide de substrat. Les cellules prélevées sont placées dans un milieu nourricier : protéines, acides aminés, graisse, sucres. Elles se multiplient en ambiance stérile et se différencient en cellules musculaires. Issue des techniques médicales, cette nouvelle chimère de la modernité fait depuis plus de dix ans l'objet des attentions et appétits de la part des start-ups américaines et aujourd'hui européennes qui investissent des millions en recherche et développement. Certains géants de l'industrie agroalimentaire comme Cargill ou Nestlé leur emboitent le pas, séduits par l'opportunité d'un nouveau marché.
Dans son livre, Steak barbare, Gilles Luneau répond en détail à la question de l'intérêt de cette technologie : « L'agriculture cellulaire vise à produire par des techniques de synthèse in vitro des produits habituellement issus d'animaux tels la viande, le lait, les œufs, le cuir. Son but est de supprimer le recours à l'élevage, coupable aux yeux des partisans de l'agriculture cellulaire, de cruauté à l'égard des animaux, d'atteintes à la santé humaine, à l'environnement et au climat. Le but de l'agriculture cellulaire est de produire massivement des viandes de synthèse à prix compétitif avec celles provenant des élevages industriels. »
La motivation est claire : surfer sur la défiance faite à l'élevage par le mouvement animaliste et faire un maximum de profit en acquérant une partie du marché de la viande. Les « fléxitariens », c'est-à-dire les consommateurs omnivores sensibles aux messages d'alertes sur les méfaits environnementaux et moraux causés par l'élevage, sont le public cible de la viande propre.
Sous couvert d'altruisme ou de transhumanisme, qui vise à dépasser la mort et la souffrance, les acteurs de la « clean meat » proposent une fausse alternative aux dérives industrielles, entretiennent un discours de confusion, qui va fragiliser et déstabiliser encore un peu plus l'élevage.
La Confédération paysanne a été interrogée au cours d'une audition parlementaire le 1er février 2023 au Sénat. Elle a affirmé son opposition totale à l'émergence de la viande in vitro. À la suite, plusieurs Conf' départementales ont fait résonner cette affirmation en déposant des motions aux chambres d'agriculture.
L'opposition à la viande cellulaire ne fait pas l'unanimité dans le monde agricole. Ainsi, dans les couloirs des instances nationales, la FNSEA*** s'est dit : « n'être pas complètement opposée à cette alternative ». Comme à son habitude, le syndicat majoritaire à une position schizophrène à contre-courant de l'intérêt de ses membres, qui dévoile clairement sa subordination à l'agrobusiness. Le groupe Avril, duquel est issu le nouveau président de la FNSEA***, dispose de tous les atouts pour se lancer dans ce nouveau marché.
La viande in vitro est le point d'orgue de l'industrialisation de l'agriculture amorcée après-guerre et orchestrée par la cogestion, FNSEA*** et ministère de l'Agriculture. Le modèle productiviste et industriel est aussi responsable d'une rupture civilisationnelle, où le lien à l'animal, au vivant et à la mort est nié ou fantasmé. Sur ce sujet, le combat devra être à la fois politique et « philosophique ». La seule voie salutaire à prendre pour répondre aux enjeux sociétaux en matière d'élevage est de maintenir le lien avec nos animaux et donc de promouvoir l'élevage paysan.
L'info en + : Des motions contre le développement de la viande cellulaire ont été votées par les Chambres d'agriculture à l'unanimité dans le Lot, l'Orne, la Dordogne, la Côte d'Or, le Rhône, la Lozère, la Bretagne, la Vienne, l'Ille-et-Vilaine, l'Ariège et le Lot-et-Garonne, toutes à l'initiative de la Confédération paysanne.



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