Campagnes solidaires est le mensuel de la Confédération paysanne, engagé avec les paysans et les acteurs du mouvement social dans l'émergence d'autres mondes possibles.
C'est un point de ralliement pour ceux qui veulent comprendre les réalités de la vie et des luttes paysannes dans le monde et ici en Europe.
C'est aussi un espace pour ceux qui veulent s'exprimer sur ces réalités et la manière d'agir sur elles.
Informer, c'est contribuer au débat sur les sujets de société tels que les OGM, la sécurité alimentaire et la mondialisation...
Campagnes solidaires, notre, votre journal, tente chaque mois de restituer les résistances et les espoirs de ces luttes. Nous avons besoin de vous pour continuer ce combat.
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EditorialUn été secoué par la violence de l’État
L'été qui vient de s'achever a été tout sauf tranquille. En Savoie, en Haute-Savoie et depuis fin août dans l'Ain, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a frappé les troupeaux et bouleversé la profession et des fermes entières. Face à cette crise, le gouvernement a choisi l'option la plus brutale : l'abattage total, imposé sans concertation, sans proportionnalité, en ignorant les alternatives existantes. Ce dogme porté par la ministre Genevard, la FNSEA* et les chambres d'agriculture a semé la peur et la colère.
Mais la réponse des paysan.nes n'a pas tardé. Sur place, dans les fermes concernées, des blocages ont repoussé les premiers abattages. Devant les tribunaux, un référé-liberté a été déposé pour rappeler l'exigence de proportionnalité. Nationalement, nous avons porté haut et fort la nécessité d'une stratégie sanitaire cohérente et un plan vaccinal à la hauteur. Et partout en France, une semaine d'action contre l'abattage total a fait vivre la solidarité : car même si la DNC reste, pour le moment, circonscrite à trois départements, la violence de cette politique sanitaire concerne l'ensemble du monde paysan.
Cette crise sanitaire n'est qu'un des fronts sur lesquels nous avons dû nous battre. En plein cœur de l'été, la loi Duplomb a été adoptée en partie et promulguée, à marche forcée, en méprisant les plus de deux millions de citoyen.nes qui s'y opposaient. Cette loi, censée « renforcer la compétitivité de la ferme France », est en réalité une nouvelle offensive antisociale et antiécologique : mise en concurrence accrue, dumping social et environnemental, casse des fermes paysannes. La Confédération paysanne a dénoncé cette proposition de loi dès le début, en s'alliant aux forces de la société civile pour en montrer les dangers.
Le 10 septembre, l'appel citoyen à bloquer le pays rassemble largement contre la politique de la terre brûlée menée par le gouvernement. La Confédération paysanne y prendra toute sa place. Car les attaques subies par les paysan.nes rejoignent celles des autres travailleurs et travailleuses : précarité, répression, déni de démocratie, dérives autoritaires.
Cet été a montré la force de notre réseau mobilisé sur tous les fronts : dans les fermes savoyardes comme au tribunal, dans les blocages locaux comme dans les mobilisations nationales, dans les institutions comme dans la rue. Le secrétariat national et les équipes locales travaillent main dans la main, pour résister et porter nos alternatives. Jusqu'à la Fête de l'Huma à laquelle nous allons participer avec un programme politique et artistique, des repas et un bar paysan.
Cet été a été secoué par la violence de l'État. La rentrée sera secouée par notre détermination collective. Nous continuerons à bloquer les abattages totaux, à dénoncer les accords de libre-échange, à nous opposer aux lois antisociales et autoritaires, à faire vivre nos revendications. La Confédération paysanne portera haut et fort cette autre voie, celle de la justice sociale et de l'agriculture paysanne.
Nina Lejeune,
secrétaire nationale
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